L'Année du Mexique dans l'expectative
En pleine tourmente diplomatique franco-mexicaine, des manifestations prévues pour l'occasion sont confrontées à des menaces d’annulation.
Par DOMINIQUE POIRET
Exposition "Les masques de jade mayas" à la Pincacothèque à partir du 28 février. Masque funéraire Calakmul. (MascarasFunerariasCampecheMuseoNacionalAntropolog)
Lancée officiellement le 3 février, au musée d’Orsay, l'Année du Mexique a du plomb dans l’aile. Depuis que le gouvernement mexicain a annoncé son retrait de l’organisation, en raison de la décision du président Sarkozy de dédier l’événement à Florence Cassez, certaines manifestations sont dans l'expectative, même si jusqu’à présent, on ne constate aucune annulation parmi les 350 manifestations dont de plus de 200 culturelles prévues. Passage en revue.
Du 25 février jusqu’au 30 juin, la Pinacothèque de Paris, doit accueillir une collection exceptionnelle de «masques de jade mayas». Le musée à statut privé ne fait «pas de commentaires» et déclare «travailler encore dessus», il ne sait rien non plus sur la labellisation ou non de l’événement.
Autre moment artistique fort, les sculptures monumentales en bronze de Jose Rivelino seront exposées pendant tout le mois de mars à bord d’un bateau sur la Seine.
L’Année du Mexique doit se dérouler dans toute la France. Notamment, à Toulouse avec les 23e rencontres du cinéma d’Amérique latine et le festival de musique Rio Loco ou à Rennes avec le festival de cinéma Travelling, déjà lancés. Des écrivains mexicains sont également attendus au Salon du livre de jeunesse de Montreuil fin novembre et à Quais du polar en mars à Lyon.
De son côté, le musée d’Orsay doit accueillir deux expositions, qui sont toujours en suspens, l’une dans ses murs, l’autre à l’Orangerie. Le musée public très engagé prévoit d’organiser à partir du 5 octobre une expositionSous le volcan - L’art au Mexique de l’indépendance aux révolutions 1810-1920.
Le président du musée d’Orsay, Guy Cogeval, en est le commissaire. L’Orangerie, qui dépend d’Orsay, doit consacrer une exposition aux peintres Frida Kahlo et Diego Rivera du 5 octobre au 5 janvier 2012, sur la base de prêts mexicains. Concernant la tenue de ces exopositions, le musée déclare qu’il n’a ce jour «aucune information», «qu’il attend des instructions» des autorités compétentes, «on est dans un problème politique.»
Le Petit Palais compte présenter pour la première fois en Europe une rétrospective du peintre Rufino Tamayo du 29 septembre au 15 janvier 2012. Le musée du Quai Branly, qui présente notamment l’art des Amériques dans ses collections, a prévu d’assurer le commissariat scientifique de deux colloques organisés par l’Institut français. La jeune création mexicaine devrait être présentée au musée d'art moderne de la ville de Paris, du 10 juin au 28 août, la direction ne fait pour l'instant «aucun commentaire» sur sa tenue.
De septembre à janvier, les mégapoles mexicaines doivent être célébrées à laCité de l’Architecture et du Patrimoine, ainsi que les architectes de la Nouvelle Génération mexicaine au Pavillon de l’Arsenal de Paris.
Avant même la décision de Nicolas Sarkozy de lier les festivités franco-mexicaine au sort de Florence Cassez, la première secrétaire du PS et maire de Lille Martine Aubry, avait appelé dès vendredi les collectivités locales dirigées par des socialistes à boycotter les manifestations de l’année du Mexique en France. Dans sa ville, elle a décidé d’annuler une exposition d’estampes, «Drôles d'estampes, Calaveras et cætera, en partie mexicaine. Le vernissage avait eu lieu jeudi soir et elle devait ouvrir ses portes au public vendredi jusqu’au 3 avril. Toutefois, la municipalité de Lille, a décidé ce mercredi, de «la rouvrir à partir de jeudi, sans le label, avec un autre visuel et sans faire état du Mexique.»
«On prend la culture en otage», a déclaré le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, mardi sur France Info. «A partir du moment où ce n’est plus une affaire de culture uniquement mais une affaire d’Etat,», a précisé Frédéric Mitterrand, qui ne s’est pas prononcé sur une éventuelle annulation de l’Année du Mexique.
http://www.liberation.fr/culture/01012320368-l-annee-du-mexique-dans-l-expectative
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